C'est à chaque fois la même rengaine avec un tel groupe : qu'ont-ils encore à dire, quelles couleurs musicales vont-ils dessiner, quelle mode vont-ils suivre ? La réponse est immédiate sur Spirit ; Depeche Mode et ses trois quinquagénaires suivent toujours leur propre agenda. Ce 14e album, à classer dans le haut du panier d'une carrière discographique longue de 36 ans, est tout entier fait de colère rentrée, de mots d'ordre scandés, de révolutions prônées.
Nos gouvernements nous mentent, le repli sur soi est à l'oeuvre partout dans le monde, les hommes sont les pions silencieux des puissants... La plume de Martin Gore est trempée dans les désordres mondiaux de ces dernières années, dans une ère où Donald Trump est devenu le héraut de la post-vérité. Les machines ajoutent à l'ambiance crépusculaire et la voix de Dave Gahan émerge, pleine de beauté et d'aspérités, comme sur le très beau Cover Me.
"Spirit". The new album from #DepecheMode. Out March 17th. https://t.co/DQifWjtFC2 pic.twitter.com/aO5EkkQNbR— Depeche Mode (@depechemode) February 3, 2017
Toujours aussi frappant, le fait que Depeche Mode ne vive pas de son glorieux passé. Le concept de tendance ne survit pas à l'élaboration de leur son, plus synthétique et robotique, malaxé en studio par un nouveau producteur, James Ford, par ailleurs membre de Simian Mobile Disco. Oui, le groupe a encore des choses à dire et ce n'est pas très emballant : "Nos âmes sont corrompues, nos esprits embrouillés, nous sommes foutus" (sur le dernier titre de l'album, Fail).
Depeche Mode, Spirit (Columbia Records). Album disponible. En concert le 12 mai à Nice (stade Charles-Ehrmann), le 29 mai à Lille (stade Pierre-Maurroy) et le 1er juillet au Stade de France (complet).
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